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Judéophobie : après 10 ans d’Aziz, la majorité des maures pense comme l’ex-ambassadrice démissionnaire

Vendredi 17 Janvier 2020 - 19:05

Judéophobie : après 10 ans d’Aziz, la majorité des maures pense comme l’ex-ambassadrice démissionnaire
Que le sort de l’ex-ambassadrice serve de leçon à tous les fonctionnaires du ministère des affaires étrangères c’est une bonne chose mais si elle est seule à payer de graves dérapages, ce ne serait pas juste.
 
Je ne sais s’il existe, comme en français, deux mots en arabe distinguant les sionistes des juifs, gens du Livre honorés comme les chrétiens par le coran à telle enseigne qu’un musulman peut épouser une chrétienne ou une juive sans qu’elle ne change de religion.
 
Chez nous, en hassanya, on emploie le mot juif « yehoud » certainement comme les sionistes emploient les termes « les goyim ». Chez nous, pour dire « pire que tout » on dit « yehoudi ». Pour dire avare on dit yehoud. Chez certains, yehoud s’emploie juste pour les sionistes mais pour d’autres il s’agit de tout ce qui est juif. Je n’emploierai pas le terme antisémite car ce serait donner raison aux sionistes qui ont fait main basse sur le terme vu que les arabes sont aussi des sémites. Je dirai judéophobie.
 
L’ex-ambassadrice n’a fait qu’employer le terme « yehoud » comme on l’emploie dans la Mauritanie nouvelle.
 
Depuis qu’Aziz a coupé les relations avec Israël et pendant tous ses mandats, le pouvoir n’a jamais rien fait via ses relais religieux pour ne pas que l’antisionisme soit mis dans le même sac que la judéophobie. Au contraire, la parole a été libérée au nom du sort des palestiniens.
 
Sous Aziz, l’ex-ambassadrice, chef du département Amérique, Asie, Pacifique aurait peut-être eu une promotion. Au lieu de démissionner, on l’aurait invitée à dire que son compte a été hacké et chacun comprendrait qu’il faut bien jouer ce jeu-là avec les occidentaux tout-puissants : dire et ensuite nier, l’essentiel étant que le message passe et que le double discours serve à être fréquentable via les rapports des chancelleries étrangères.
 
Aziz a refusé d’aller à Paris avec d'autres chefs d’Etat car il estima qu’il n’est pas Charlie tout en condamnant le terrorisme, mais il a changé la loi héritée de l’islam du terroir éclairé pour en finir avec le repentir en matière de blasphème et envoyer directement l’accusé à la peine de mort wahhabite.
 
Voilà le Aziz que Macron a honoré de sa visite en évitant tous les sujets qui devraient fâcher le premier magistrat de la vieille démocratie française. Voyant que chassant Israël et cultivant le double discours en matière d’islam radical, Aziz a toujours été fréquentable par Paris et l'’occident en général, chacun chez nous s’est cru permis de jouer au double jeu azizien au nom de la fierté arabo-musulmane telle qu’elle est fantasmée chez nous.
 

Une déclaration de plus ou de moins en usant du mot arabe yehoud ne pouvait en rien inquiéter un haut fonctionnaire mauritanien. C’est dans ce bain judéophobe décomplexé que l’ex-ambassadrice s’est lâchée persuadée qu’elle serait félicitée par le milieu maure de la Mauritanie nouvelle et protégée par le nouveau pouvoir qui n’oserait pas s’attaquer à un tel populaire héritage de l’azizanie. Elle a eu tort mais elle ne paye que pour n’avoir pas distingué sioniste et juif vu qu’en mauritanie, il n’y a qu’un terme yehoud, juif.
 
On se souvient par exemple que lorsqu’un député du parti des frères musulmans mauritaniens a dit que les tortionnaires du régime azizien sont pires que les yehoud, pire qu’Israël, une députée a été promue ministre par Aziz  pour lui avoir répondu avec des larmes de crocodiles que rien n’est pire qu’Israël.
 
 

Mohamed Ould Abdel Aziz
Mohamed Ould Abdel Aziz
Ainsi Aziz est vu comme le grand guerrier qui a osé dire « merde » à Israël. Personne ne s’étonne qu’Israël ne lui ait jamais rien fait payer comme s’ils étaient impuissants alors que peut-être qu’Aziz et son pays ne les intéressent pas puisqu’il leur suffisait de dire un mot aux USA qui le diraient à leurs alliés saoudiens et ces derniers auraient remis leur mamelouk à sa place.

Les mauritaniens adorent s’inventer des ennemis puissants pour se croire à leur hauteur et Israël est de ceux-là même si cela n’a pas empêché Aziz  de nommer ministre des affaires étrangères l’ex ambassadeur de Mauritanie à Tel-Aviv.
 
Hypocrisie quand tu nous tiens !
 
Ainsi Birame est vu comme le bras d’Israël pour déstabiliser le pays mais personne n’ose indexer les USA qui ne font pas mystère de leur soutien à son IRA. Il faut dire que les USA sont les gardiens des gardiens des lieux saints même premiers alliés d’Israël.
 
Lâcheté quand tu nous tiens !
 
Cela dit, face à notre image internationale de pays esclavagiste, raciste, si le départ de l’ex-ambassadrice bénéficie à l’image de la Mauritanie en occident, c’est un coup dur pour l’image de Ghazouani chez les maures qui estiment pour majorité que c’est un trop grand cadeau fait à Birame dont ni l’association ni le parti ne sont reconnus par l’Etat même s’il a été régulièrement indirectement courtisé par Aziz pour diviser les maures jusqu’à recevoir les parrainages de l’UPR d’Aziz pour être candidat à l’élection présidentielle avant de s’accrocher au parti des nationalistes arabes.
 
L’unique issue pour Ghazouani pour ne pas se mettre à dos cette majorité de maures (beidhanes et hratines) divisés et fanatisés par le régime azizien, c’est de faire tomber d’autres têtes aussi coupables que l’ex-ambassadrice.
 
Refroidir aussi les guides religieux qui s’en prennent aux juifs en général en employant le terme « yehoud » sans faire la distinction entre antisionisme et judéophobie ; cela demande un courage politique inouï et à vrai dire cela serait suicidaire dans l’état de la Mauritanie laissée par Aziz.
 
Sous Aziz, on aura tout vu en matière de dérapage et d’impunité sémantique. Par exemple, après avoir juré de mettre une balle dans la tête de Mkheitir si la justice le libérait, un « poète » a été mis dans la commission nationale pour rédiger l’hymne national. On a vu une présidente de la commission nationale des droits de l’homme enfoncer le Mkheitir et lui souhaiter la peine de mort sans que le régime d’Aziz ne la blâme. On a vu un homme d’affaires mettre à prix la tête de Mkheitir en toute impunité ; on a vu le porte-parole du gouvernement comme d'autres jusqu’à l'actuel président de l’assemblée nationale s’en prendre aux pères fondateurs du pays en les traitant de collaborateurs au sens péjoratif du terme ; on a vu les médias servir de caisses de résonance à la haine raciale, on a vu un ministre se moquer des forgerons en estimant que le cou du mouton leur revient. Etc.
 
N’importe quel peuple, malmené comme le nôtre, subissant pendant 10 ans la désinformation, l’intoxication par un régime de révisionnistes prêts à tout pour diviser les mauritaniens pour les occuper pendant qu’eux font main basse sur les richesses du pays, aucun peuple ne saurait en sortir indemne surtout avec la démission de la majorité des intellectuels et chefs religieux sur les sujets sensibles.
 
On peut dire sans risque de se tromper que la Mauritanie que laisse Aziz est devenue plus que jamais judéophobe, raciste, pas seulement le racisme maures contre négro-mauritaniens ou négro-mauritaniens contre maures mais même entre maures.
 
Aziz laisse un pays miné de l’intérieur par des idées archaïques et malsaines fondées sur un délire identitaire et un orgueil maladif déplacé.
 
C’est cette Mauritanie que Ghazouani doit gouverner. Il ne faut pas trop lui en demander pour l’instant car déjà le gouvernement multiculturel qu'il a osé, dérange une majorité des maures blancs nourris sous Aziz à l’habitude de voir l'essentiel de ce qui est noir, surtout hratine, marginalisé.

Je doute que Ghazouani puisse faire quelque chose sauf avec le soutien indéfectible de l’armée tant Aziz a fait du mal à notre société multiculturelle. Bonne chance...

VLANE
 

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